À travers la langue des signes transparaissent les affects du locuteur. Le poème « Ton sourire est absolu » de Pierre Soletti célèbre justement leur expression par le corps. Il donne lieu à une autre combinaison, remarquable elle aussi. Le poème est co-interprété sur scène, par l’auteur qui récite le poème en se couvrant les yeux de ses mains et par l’interprète Lucie Gaillard qui rend manifeste grâce à ses mains et à l’expression de son visage ce que l’auteur peine à écrire et à dire dans son poème. Cette remarquable co-interprétation témoigne de la nécessité de laisser « parler » le corps quand les mots font défaut. En se couvrant les yeux, l’auteur veut aussi révéler l’aveuglement au monde. Le poème se clôt par les vers suivants :
quand j’ouvrirai les yeux…
…alors je ne verrai plus rien
L’omniprésence de mots évoquant l’évanescence de la vie, voire sa vanité – « murée », « mort », « mourant », » silence », « couché chez les morts » – crée un certain malaise chez le lecteur – spectateur-auditeur, mais ce malaise est fécond, car ce poème est une exhortation à vivre mieux et à lutter contre ce tourment.
Imène HADJALI pour Terre à ciel,
poésie d’aujourd’hui
Année de parution: 2015
Éditeur: Bruno Doucey
Livre-DVD
50 poètes en langues des signes
Anthologie établie par Brigitte Baumié
Vidéos Pierre Garbolino
Préface de Michel Thion
ISBN : 978-2-36229-088-6
Couverture couleur à rabats
Dos carré cousu collé
216 p. n&b
19,8 x 15 cm
300 g
19,50 €